Mais pas un mot n'a été dit, au moins dans la presse nationale, sur une autre date à noter pour le passage au printemps, celle de la nuit du 30 avril au 1er mai, la Nuit de Walpurgis, davantage fêtée, il est vrai, en Europe du nord et en Scandinavie.
Walburge et ses frères
L'histoire commence au 8ème siècle en Grande-Bretagne, dans un des royaumes anglo-saxons du sud, le Sussex (Suth Seaxe = « Saxons du Sud ») selon certaines versions, le Wessex (ceux de l'ouest) selon d'autres. Dame Winna et son époux Richard, riche seigneur local, ont plusieurs enfants dont trois vont devenir saints de l'Eglise catholique.
Agé, Richard entreprend un pèlerinage à Rome, emmenant ses deux garçons : Willibald et Wynnebald. Il ne va pas plus loin que la Toscane, mais ses fils continuent le voyage et arrivent à Rome où règne la peste. Wynnebald y fait une longue pause forcée, son frère Willibald peut poursuivre son chemin poussant son pèlerinage jusqu'à Jérusalem.
Bien des années d'une existence édifiante après, alors qu'il est évêque d' Eichstätt en Bavière, Willibald dicte enfin le récit de son pèlerinage. Le document, considéré comme le premier récit de voyage écrit par un Anglais, décrit notamment les itinéraires des pèlerins et l'état des lieux saints.
Son frère, Wynnebald, s'est orienté vers la vie monacale. Il a fondé le monastère d'Heidenheim près d' Eichstätt dont il devient le premier abbé.
Leur soeur, Walburge (ou encore Walburga, Vaubourg, Valpurge, Walpurge, Valpurgis,...) est née vers 710. Moniale un temps en Grande-Bretagne, elle finit par suivre les traces de ses frères pour évangéliser en Germanie. A la mort de Wynnebald en 761, elle lui succède à la tête du monastère d'Heidenheim où elle meurt en 779.
( La tapisserie de 1460-1464 - der Ältere Walburga-Teppisch - du musée d' Eichstätt )
La Nuit de Walpurgis
Walburge, dont la vie édifiante n'a rien à envier à celle de ses frères, est canonisée. Une translation de ses reliques un 1er mai redonne un élan à son culte. Rapidement, l'association se fait entre cette date et celle des vieilles célébrations païennes de passage de l'hiver au printemps qui subsistent. La chose n'est guère du goût de l’Église. Ne pouvant vraiment les interdire, elle tente de les discréditer en assimilant les divinités de la fécondité et autres entités au diable et par association, aux sorcières.Ces fêtes initialement païennes deviennent, en plus, sataniques et la Walpurgisnacht est assimilée à la nuit du sabbat des sorcières celle où rôde une multitude d'esprits mauvais.
.. et maintenant
La nuit de Walpurgis est entrée dans les fêtes courantes populaires surtout célébrée dans les pays du nord et la Scandinavie : Allemagne, Belgique, Finlande, République Tchèque, Roumanie, Suède, Ukraine, et même en France dans le département de la Moselle. Occasion de grands feux, de déguisements, de danses, de jeux. Son thème se rapproche un peu de celui d'Halloween.A noter que ces fêtes où le feu joue un grand rôle présentent des similitudes avec celles qui se déroulent, exactement trois mois plus tard, pour le solstice d'été à la Saint Jean, cette fois pour le passage du printemps à l'été. Ces fêtes de juin semblent, en revanche, davantage pratiquées par les pays du sud que par ceux du nord (à noter : en Moselle on pratique aussi les feux de la St-Jean)
Un mythe aussi imprégné de magie et d'étrangeté n'a pu que profondément influencer un nombre important d'écrivains, de compositeurs et d'artistes de toutes natures. Pour conclure, voici deux vidéos musicales :
- "Die erste Walpurgisnacht" de Mendelssohn :
pour en savoir plus :
- Sainte Walburge, européenne du 8ème siècle - par Robert Henry
- La tapisserie de Sainte-Walburge au musée d'Eichstätt
-Wikipédia : nombreux liens et références littéraires, musicales, etc..