mardi 1 juin 2021

Par les chemins du Mont-St-Michel

Dans un article précédent, nous avions cheminé en compagnie d'Aymeri Picaud parti jusqu'en Galice pour prier sur le tombeau de l'apôtre Jacques. Mais en ces derniers siècles du moyen-âge, les lieux  de pèlerinage ne se limitent pas aux trois grands sanctuaires chrétiens de Rome, Jérusalem et Compostelle. Pour preuve, empruntons les pas des pèlerins qui se rendaient aux confins de la Normandie et de la Bretagne faire leurs dévotions à l'archange St-Michel sur le mont qui lui est dédié.

 

Géologiquement, le Mont St-Michel est un inselberg : une butte isolée qui se dresse au-dessus d'une plaine d'érosion. Il n'est pas le seul de cette région. Il possède deux compagnons proches : le rocher de Tombelaine, moins imposant, 2,7 km plus loin dans la baie et, encore plus loin dans les terres, à une vingtaine de kilomètres, le Mont-Dol.
Le Mont St-Michel est le plus imposant des trois. Par son positionnement au fond de la baie, ce rocher granitique s'élevant dans l'immense estuaire à plus de 80 mètres au-dessus des marées constitue sur ce paysage un repère incontournable.
Un lieu mythique, propice à frapper les imaginations. Source de légendes et devenu sanctuaire chrétien et lieu de pèlerinage dès le haut-moyen-âge.

** Le sanctuaire

Aux premiers siècles du haut-moyen-âge, il est encore désigné comme le Mont Tombe.
Les premières évocations d'une christianisation sur le rocher datent du  7ème siècle lorsque des ermites y fondent deux oratoires dédiés respectivement à St-Symphorien (martyr bourguignon) et à St-Etienne (premier martyr de la chrétienté). Le lieu est encore difficilement accessible et plus propice aux ermites qu'aux pèlerins.
La notoriété du mont connaît sa diffusion un siècle plus tard grâce à Aubert, l'évêque d'Avranches. L'histoire est rapportée dans la "Revelatio ecclesiae sancti Michaelis archangeli in Monte Tumba" rédigée au 9ème siècle. Selon celle-ci, l'archange St-Michel apparaît en songe à Aubert, lui demandant d'édifier sur le mont un sanctuaire qui lui soit consacré. Après quelques hésitations et péripéties, Aubert finit par obéir et entreprend la construction d'une église qui est achevée en 708.
La forme est encore modeste, il s'agit d'un édifice en forme de grotte ne pouvant accueillir guère plus qu'une centaine de personnes. Mais le bâtiment doit être complété quelques années plus tard par une collégiale comportant 12 chanoines afin de pouvoir accueillir les pèlerins qui déjà commencent à fréquenter le lieu. Le mont Tombe change son nom pour devenir le « Mont Saint-Michel au péril de la mer », moins sinistre mais non moins dépourvu de dangers.
L
a célébrité du sanctuaire se diffuse rapidement dans l'occident chrétien. Lorsque les incursions vikings sur les côtes normandes et bretonnes commencent à se multiplier,  les pèlerinages connaissent un fort ralentissement . Le traité de St-Clair-sur-Epte signé en 911 entre le roi de France et les hommes du Nord ramène une sécurité pour les abbayes et même des financements par la piété de ducs de Normandie.
La communauté religieuse du mont ayant connu quelques dérives, en 965, le duc Richard Ier (dit "Sans-Peur") remet de l'ordre en confiant le lieu aux bénédictins et en finançant une partie des travaux d'agrandissement de l'abbaye. L'église, encore de forme  préromane, est achevée en 1020. 

Jusqu'au 11ème siècle, la plupart des bâtiments religieux étaient construits en bois et donc régulièrement sujets à des incendies accidentels dus aux sources d'éclairage. Pour les constructions du Mont, un autre danger, plus spécifique, les menaçait : son altitude les exposait davantage à la foudre source, notamment, des incendies de 1000 et 1112.
En plus de la fureur du ciel, celle des hommes apportait aussi sa part de destructions. En 1138, une grande partie des bâtiments fut détruite par un incendie allumé lors d'une émeute des habitants d'Avranches. Plus tard, ce fut encore le cas lorsque Philippe-Auguste, en 1202,  décida la saisie de tous les fiefs continentaux du roi d’Angleterre, Jean sans Terre. Son allié dans cette conquête, Guy de Thouars mena la campagne dans la région normande en s'emparant du Château-Gaillard et en faisant le siège du Mont St-Michel. Ne pouvant se rendre maître de l'abbaye, il incendia celle-ci ainsi que tout le village à ses pieds.
Après cette conquête, la Normandie fut rattachée au royaume de France et Philippe-Auguste prit le Mont et son abbaye sous sa protection (peut-être avec quelques remords) et finança en grande partie les travaux d'édification de nouveaux bâtiments pour l'abbaye. La nouvelle église abbatiale, prouesse architecturale,  fut surnommée "la merveille". Le Mont et son abbaye furent désormais sous la protection de nombreux rois de France qui se succédèrent et prirent St-Michel comme un des saints patrons tutélaires de la monarchie.

A
vec ces derniers travaux, l'abbaye devint une citadelle inexpugnable avec ses hauts murs de pierres. Mais le Mont lui-même était encore mal protégé, ceinturé de quelques murs de pierres et palissades de bois. Les 13ème et 14ème siècles virent se mettre en place des fortifications avec une grande partie des murs de courtines et des tours que nous connaissons à présent.
La foudre causa encore quelques incendies (1300, 1350) au 14ème siècle, mais cette fois les bâtiments et les voutes de pierre en limitèrent les conséquences. [Image des Très Riches Heures du Du de Berry- 14ème siècle]
La guerre de Cent Ans mit une nouvelle fois le Mont en péril. Après Azincourt, les troupes anglaises se replièrent sur la Normandie et s'installèrent, notamment,  sur le rocher de Tombelaine comme base d'un siège visant directement à conquérir le Mont tout proche. Le siège fut long mais ne parvînt pas à faire tomber la place. Pour conforter cette place forte face au voisin anglais, Charles VI, dans les années qui suivirent, finança des travaux complémentaires sur la fortification extérieure du Mont. 

*** L'archange

L
e culte rendu à l'archange Saint Michel apparaît vers le 4ème siècle en Orient. Par l'empire byzantin, il se propage progressivement vers l'Europe de l'ouest. Au 5ème siècle, on note sa présence dans les Pouilles de l'Italie du sud, encore sous influence byzantine, avec l'édification du sanctuaire de Monte Sant'Angelo sul Gargano. Au siècle suivant, lors de la grande peste, le pape Grégoire 1er (Grégoire le Grand) raconta qu'il fut visité en songe par St-Michel, tout comme Aubert, pour lui annoncer la fin de la pandémie. En remerciement à cet allié puissant contre le mal, Grégoire dédia le Castel Sant'Angelo (Château Saint-Ange) à l'archange.
Les  lieux dédiés à l'archange furent souvent placés sur des points hauts et sur des sites spectaculaires. Ce fut le cas de celui du mont Gargano (sans rapport apparent avec le mont Gargan limousin) dans les Pouilles, de la Sacra di San Michele en Piémont, du St Michael's mount dans les Cornouailles et de la chapelle St-Michel d'Aiguilhe au Puy-en-Velay [image de St-Michel d'Aiguilhe].
Mais le sanctuaire normand constitue le lieu de culte principal de St-Michel en Occident dès le moyen-âge:un phare faisant converger vers lui des foules de pèlerins venant de tout l'ouest de l'Europe chrétienne.

En pèlerinage, il convient de savoir vers qui adresser sa quête. Les pèlerins qui entreprenaient leur voyage vers Compostelle pour prier l'apôtre Jacques espéraient trouver en lui un intercesseur humain susceptible de comprendre leur sort de pauvre pécheur et plaider leur cause pour le salut de leur âme. 
Le rôle de St-Michel est bien différent. Archange majeur, il fait l'objet d'un culte dans les trois religions monothéistes : christianisme, judaîsme et islam.
Deux de ses aspects méritent que l'on fasse appel à son soutien :

  • il est le guerrier, le chef de l'armée des anges. Dans le récit de l’Apocalypse de St-Jean, il est celui qui combat, vainc et précipite Satan et les anges rebelles dans les abîmes de l'enfer. Prier St-Michel c'est faire appel à sa protection contre le mal et les pièges du  démon toujours présent et, par extension dans les périodes troublées, tout ce qui menace : guerres, incursions barbares, routiers.
    L'iconographie courante le représente l'épée à la main terrassant le démon. 
  • St-Michel possède un autre rôle important pour les hommes inquiets de leur salut dans l’Au-delà, celui du peseur des âmes. Dans les nombreuses représentations du Jugement Dernier figurant au tympan des cathédrales, il est représenté aux portes du Ciel, la balance à la main, séparant les damnés des élus et conduisant ces derniers jusqu’au paradis [image du tympan du Jugement Dernier - St-Etienne de Bourges]


St-Michel est un protecteur et un juge qui mérite le respect, un allié puissant contre les forces du mal toujours présentes..

*** Les pèlerins

L
e pèlerinage au Mont
: Accueillir de nombreux pèlerins soulève notamment des questions économiques et logistiques. Cette préoccupation constante se retrouve dans les chroniques capitulaires qui nous sont parvenues, qu'elles émanent de l'abbaye du Mont elle-même ou des autres établissements religieux qui servaient de refuges étapes sur le chemin.
En revanche, les récits de pèlerins sont bien moins nombreux.
Nous les savons originaires de différents pays et de tous âges. Comme pour le pèlerinage vers St-Jacques de Compostelle, ils ont pris la route pour diverses causes : par dévotion, par pénitence, par espoir d'un miracle, mais aussi comme peine d'éloignement à la suite de délits.
Le premier récit de pèlerin au Mont dont nous ayons trace est celui d'un moine Franc, Bernard, vers 867. Lorsqu'il prend le chemin du Mont, il n'est pas un novice en matière de pèlerinage. Il vient d'enchaîner en compagnie de deux autres moines ceux de Rome, du Monte Gargano (déjà pour St-Michel), de Jérusalem et de Bethléem. A son retour, il entreprend, seul cette fois, celui du Mont (".. ad sanctum Michaelem ad duas tumbas..") où il se raconte émerveillé et terrorisé par le phénomène des marées, bien différent de ceux de la Méditerranée.
En ce même 9ème siècle, on note aussi le passage de Ratbert de parcours bien différent, un Laonnais parricide. Après un internement de 3 ans, sa peine prévoit une obligation de pèlerinage au Mont.

Ce dernier exemple montre déjà que la notoriété du Mont dépasse déjà largement celui de sa province normande. Au 10ème siècle, les archives de l'abbaye font état de l'afflux des passages mais notent aussi certaines provenances de fidèles venant du Mans, du Berry, d'Alémanie, d'Italie, de Bavière, de Flandres et même de Pologne.  
Mais les moines du Mont ne sont pas les seuls à noter les passages. Les registres d'autres lieux et sanctuaires font état des passages de pèlerins. Au 11eme siècle, en chemin, un infirme bavarois fait halte à Verdun, un paralytique berrichon est de passage à Bourges, Arnoul de Hesdin, un seigneur flamand installé en Angleterre, fait halte dans une abbaye à Pont-Audemer, etc..
Même si la Guerre de Cent Ans marque un ralentissement d'activité, le chemin reste très actif. Ainsi sur l'année 1368-1369, l'hôpital de la confrérie de St-Jacques de Paris héberge et comptabilise 17 000 pèlerins se rendant au Mont.




Les pastoureaux : Parmi tous ces marcheurs qui convergent vers le Mont (les miquelets, ou michelets ou miquelots), on rencontre tous les milieux sociaux de la société, des pauvres comme des riches, des jeunes comme des vieux.
Au 14ème siècle, le Mont est l'une des premières destinations de pèlerinage de la chrétienté dédiés à l’archange.
C'est à cette période qu'apparaît le phénomène des pastoureaux. Les chroniques parlent de très nombreux groupes d'enfants provenant de France, de Flandres, d'Alémanie ou de Suisse se rendant au Mont pour y prier St-Michel. Très jeunes, certains ont à peine 7 ans, ils partent avec ou sans l’assentiment de leurs parents, pour des raisons mal clarifiées : sans doute pour certains poussés par la famine ou suite à un vœu. Ils marchent en bandes ne respectant rien sur leur passage.
Il paraît à présent que les premiers groupes soient apparus dès les premières années du 14ème siècle dans les pays du Rhin où le culte de l'archange était très répandu. Le mouvement se prolongea jusqu'au 15ème siècle où il semble avoir connu son apogée.

Pauvres et riches : Le pèlerinage est surtout le fait de personnes modestes. Nous avons déjà rencontré des moines, des repris de justice, des handicapés, des enfants. Mais des puissants et des rois au sommet de leur gloire viennent aussi, dès l'An Mil, implorer la protection de l'archange.
Richard II de Normandie (dit "l'irascible" ou "le bon" suivant les points de vue) vient y épouser vers 1008 Judith de Bretagne. Mais, dans la majorité des cas, les rois y viennent en pèlerinage avec humilité faire leurs dévotions. Le Mont reçoit les visites de Henri II Plantagenêt et Louis VII le Pieux, tous deux maris d'Aliénor d'Aquitaine, Saint Louis vient à l'abbaye le jour de pâques 1256, son fils Philippe III le Hardi vient remercier l'archange d'avoir réchappé à la 8ème croisade, Philippe le Bel vient en 1307 et en 1310 et, plus tard, viennent  aussi  Charles VI en 1393, Louis XI (4 fois) et François 1er (à 2 reprises). En 1561, Charles IX et son frère, le futur Henri III, seront les derniers monarques à venir en pèlerinage.

Il faut ajouter quelques mots au sujet de Louis XI particulièrement dévot à St-Michel (entre autres). Louis effectue un premier pèlerinage au Mont en 1462. A cette occasion, il accorde aux armoiries de l'abbaye (fond d'argent à trois coquilles de sable; une crosse d'argent pour cimier) le droit de porter en plus le chef de Roy : une bande d'azur aux trois fleurs de lys d'or. En 1469, Louis XI institue l'Ordre de St-Michel. La chronique rapporte que  "Le Roy de France, Charles le septiesme, estant mort l'an mil quatre cent soixante et un, Louys onziesme, son fils, lui succéda à la couronne, lequel n'ignorant les singulières faveurs que son père avoit reçues de l'Archange Sainct Michel et que luy-mesme avoit expérimenté, lors particulièrement qu'il fut exilé de la Cour de son seigneur et père par l'envie de quelques malveillans, voulut en reconnoistre ce sainct Archange et l'en remercier..". L'Ordre de St-Michel sera actif et observé jusqu'au règne de Henri III, où tombé en discrédit pour la grande noblesse, il sera remplacé par l'Ordre du St-Esprit.

*** Le chemin

Cartographie : Nous sommes habitués à des balisages de chemins, à des guides pour les décrire et surtout la plupart d'entre nous savent lire. Au moyen-âge, ce n'était pas le cas. Il est à présent certain qu'il n'a jamais existé de chemins officiels pour se rendre au Mont, tout comme il n'en n'existait pas davantage pour celui de Compostelle (les voies jacquaires actuelles correspondent à des recensements datant du 19ème siècle). Les récits de voyage, les toponymies de lieux et les comptabilités de passage des gites religieux d'accueil permettent d'identifier quelques lieux de passage: lieux de dévotions, sanctuaires, refuges possibles et ponts ou passages obligés. Pour le reste, le chemin était une aventure qui se décidait tout au long du parcours par les informations, judicieuses ou non,  glanées auprès des compagnons de route et lors des étapes traversées.
Les guides recensant ces informations utiles n'apparaîtront guère avant le 16ème siècle et seront réservés dans un premier temps au petit nombre pouvant les acquérir et les lire.
Les pèlerins ont ainsi tracé eux même des faisceaux de chemins convergeant vers le Mont et reliant entre eux les grands sanctuaires.


Les grandes cités aux abords de la baie constituaient des passages obligés par commodité et par intérêt religieux. Ceux qui venaient du nord de la France et des Flandres passaient par  Rouen et Caen. Ceux qui venaient des régions du centre passaient plus certainement par  Alençon, Le Mans ou Tours. Ceux qui venaient du sud-ouest faisaient étape à Angers, Rennes ou Nantes. Beaucoup de pèlerins anglais se rendant à Compostelle commençaient par se rendre au Mont. Pour ceux qui faisaient les deux pèlerinages, Nantes se trouvait sur le chemin.

En approchant du but, il y a les lieux qui permettent d'apercevoir pour la première fois le but du parcours. Trois d'entre eux bénéficiaient de cette renommée qui leur conférait de nombreux passages : St-Michel-de-Montjoie, Mortain et Montjoie-St-Martin.
Enfin arrivait l'ultime difficulté : la traversée de la baie pour atteindre le Mont.

St-Michel au péril de la mer : Une fois arrivés en vue du Mont, au terme de leur périple, les pèlerins pouvaient croire avoir surmonté tous les périls du chemin. Ce n'était pas le cas.
Il restait la traversée de la baie avant de pouvoir prendre pied sur le rocher. Le but était tout proche, encore fallait-il pouvoir l'atteindre sans y laisser sa vie.

La baie présentait en cette fin du moyen-âge un paysage qui différait quelque peu de celui que nous connaissons. Les herbus, ces zones de pâturage de prés-salés actuels, n'avaient pas encore été mis en place par une poldérisation des zones submersibles et n'avaient pas remplacé le marais maritime régulièrement recouvert par les marées. Si des digues et des canaux commencèrent à être implantés dès le 11ème siècle, notamment dans la région de Dol, les surfaces gagnées étaient encore très faibles. L'estuaire du Couesnon, frontière naturelle entre Bretagne et Normandie depuis 1009, ne sera canalisé que dans le dernier quart du 19ème siècle, et c'est seulement à partir de ces travaux que des surfaces importantes seront gagnées, rapprochant la terre ferme du Mont.

Au moyen-âge, pas encore de chaussée reliant le Mont à la terre. Une large bande de grève submersible doit être traversée, parsemée de vasières et de poches de sables mouvants, soumise à des montées de marées rapides et terrifiantes, prêtes à surprendre le pèlerin attardé.
Il fallait s'engager à pied, de préférence en groupe. Mais auparavant, il valait mieux faire appel à un guide-passeur local moyennant, une fois de plus, finances. Tout risque n'était pas écarté pour autant, mais ceux qui ne pouvaient s'y résoudre couraient de grands risques.

Les chroniques de l'abbaye enregistrèrent de nombreuses noyades. Ainsi en 1318,  douze pèlerins ont péri dans les sables mouvants et dix-huit se sont noyés.
Mais des miracles arrivaient aussi. Ainsi en 1011, une femme enceinte est surprise par la marée montante. On la retrouve pourtant quelques heures plus tard protégée des flots avec son nouveau-né.
Guillaume le Conquérant lui-même, venu prier au Mont St-Michel connut quelques difficultés en traversant le Couesnon [image de la Tapisserie de Bayeux - séquence 17].


Dévotion et tourisme : Une fois la traversée et l'entrée au Mont effectuées,  il restait à faire l'ascension des ruelles étroites dans la cohue des pèlerins (en 1318, la même année que les noyades, la chronique de l'abbaye a enregistré 13 pèlerins étouffés ou piétinés dans la foule). Il fallait monter jusqu'à l'abbaye pour y prier et formuler sa demande à l'archange. Là, être émerveillé par la splendeur des lieux, des pièces d'orfèvrerie, des châsses précieuses renfermant de saintes reliques (sans doute authentiques : notamment des ossements de l'évêque Aubert et des plumes et des fragments du manteau rouge que portait l'archange lors d'une de ses apparitions).

Il restait à faire une offrande, maigre ou fastueuse suivant ses possibilités et redescendre vers la ville basse. Celle-ci rassemblait les lieux d'hébergement mais aussi la rue principale du Mont, tortueuse et bordée de toutes les tavernes et d'échoppes consacrées aux pèlerins. Il s'y pressait une foule bruyante, sans doute peu différente de celle que nous connaissons encore.
On pouvait y dormir, s'y restaurer mais aussi y acquérir les objets de piété ou les souvenirs qui seraient la preuve de l'atteinte du but de son pèlerinage : chapelets, rubans et les enseignes. Ces dernières, en plomb à l'effigie de St-Michel, [image] seraient agrafées au chapeau ou sur les vêtements marquant ainsi son engagement de dévotion à l'archange et gardant au plus près de soi sa présence et sa protection.


  Pour en savoir plus :