Aucun risque de le confondre avec d'autres guides disponibles dans les bonnes librairies. Celui-ci n'est pas une nouvelle publication, il date du 12ème siècle et il est attribué à Aimery Picaud, moine poitevin. A feuilleter avant de prendre la route. Ultreïa !
** St-Jacques-de-Compostelle
St-Jacques le Majeur, frère de Jean, est l'un des douze apôtres dans la tradition chrétienne. Martyr, il est décapité en 44 et l'on perd la trace de ses reliques. Elles ne réapparaissent, que quelques siècles plus tard, à l'extrême bout des terres espagnoles, en Galice.
Les versions qui expliquent comment elles arrivèrent en cet endroit sont nombreuses et discordantes.
A la ferveur religieuse d'aller prier auprès des reliques viennent s'ajouter des ambitions territoriales, envies royales et seigneuriales de reconquérir cette Espagne européenne alors occupée par les Maures. St-Jacques devient Santiago Matamoros (le "tueur de Maures") un symbole accompagnant et légitimant la Reconquista.
Toujours est-il qu'au 8ème siècle, St-Jacques-de-Compostelle est devenu l'un des trois grands buts de pèlerinage chrétien avec le tombeau de St-Pierre à Rome et le sépulcre de Jésus-Christ à
Jérusalem
De toute l'Europe, les pèlerins affluent vers Compostelle. On estime qu'entre le 12ème et le 15ème siècle, c'est un flot de plus de 1 000 pèlerins qui traversaient chaque jour les petits villages du Camiño francés, le "chemin des francs" qui reliait Puente-la-Reina à St-Jacques-de-Compostelle.
** Le guide du pèlerin
Le codex a été composé dans les années 1146-1157. Il s'ouvre sur une lettre du pape Calixte II sous l'autorité duquel il est placé.
Hormis le fait que cette lettre est vraisemblablement un faux (Calixte II est mort en 1124, vingt ans plus tôt), elle justifie le titre du codex.
Parmi les textes rassemblés, le 5ème chapitre du codex s'est acquis une notoriété particulière. Sa première traduction en langue française datée de 1938 lui a donné le nom sous lequel il est connu à présent de "Guide du Pèlerin de St-Jacques-de-Compostelle".
Le thème n'est pas consacré à St-Jacques mais aux pèlerins et à leur parcours sur les chemins qui les mènent de France au tombeau de l'apôtre.
La rédaction du chapitre est généralement attribuée à Aimery Picaud, moine poitevin de Parthenay-le-Vieux dont le nom figure dans le texte ("Aymericus Picaudi"). Des polémiques subsistent toutefois encore sur le fait de savoir s'il en était le seul rédacteur.
La rédaction aurait été faite dans la première partie du 12ème siècle et le lieu vraisemblablement dans un des scriptoriums de Cluny.
Ce type d'ouvrage rendant compte d'un pèlerinage n'est pas une nouveauté. Peut-être Aimery Picaud a-t-il lu les écrits de Sigéric, archevêque de Canterbury, qui décrivit les 79 étapes de son périple effectué en l'an 990 jusqu'à Rome en empruntant une autre grande voie sur le sol français, la Via francigena.
Le chapitre V du Codex Calixtinus, le guide de Picaud, comporte 21 pages découpées en onze chapitres :
Chapitre 1 - Les chemins de Saint-Jacques
Chapitre 2 - Les étapes du chemin de Saint-Jacques
Chapitre 3 - Noms des villes et bourgs sur ce chemin
Chapitre 4 - Les trois bonnes demeures de ce monde
Chapitre 5 - Noms des routiers de Saint Jacques
Chapitre 6 - Eaux mauvaises et bonnes sur le chemin
Chapitre 7 - Caractéristiques des pays et des gens sur cette route
Chapitre 8 - Corps saints à visiter sur la route et passion de saint Eutrope
Chapitre 9 - Caractéristiques de la ville et de l'église de Saint-Jacques
Chapitre 10 - Attribution des offrandes de l'autel de Saint-Jacques
Chapitre 11 - Du bon accueil à faire aux pèlerins de Saint-Jacques
** Les chemins de Saint-Jacques
Les anecdotes rapportées dans le guide ne laissent que peu de doutes sur le fait qu'Aimery Picaud a bel et bien mené son pèlerinage à bon terme jusqu'en Galice.
Pour se préparer au voyage, sa première préoccupation a été de préparer son parcours. Les premiers chapitres du Guide décrivent les grandes lignes de celui-ci.
Aimery Picaud dit :
[chapitre 1] "Il y a quatre chemins qui, menant à Saint-Jacques, se réunissent en un seul à Puente-la-Reina en Espagne.
L'un passe par Saint-Gilles, Montpellier, Toulouse et le col du Somport.
Un autre par Notre-Dame du Puy, Sainte-Foy de Conques et Saint-Pierre de Moissac.
Un autre passe par Sainte-Madeleine de Vézelay, Saint-Léonard en Limousin et la ville de Périgueux.
Un autre encore passe à Saint-Martin de Tours, Saint-Hilaire de Poitiers, Saint-Jean d'Angély, Saint-Eutrope de Saintes et la ville de Bordeaux.
Les itinéraires qui passent par Sainte-Foy, par Saint-Léonard et par Saint-Martin de Tours se réunissent à Ostabat. Après avoir franchi les cols de Cize, ils se joignent à Puente la Reina à celui qui passe au col du Somport.
Un seul chemin mène ensuite à Saint-Jacques. "
Dans ce premier chapitre, on retrouve les quatre grandes voies, encore pratiquées actuellement, jusqu'à leurs jonctions avec le Camiño francés espagnol.
- la voie Tolosane au départ d'Arles, où il convient de se
recueillir sur les reliques du bienheureux Trophime, premier évêque de
la ville.
- la voie Podiensis au départ du Puy-en-Velay. Pas de tombeau où faire ses dévotions,
mais la cathédrale dédiée à la Vierge Marie, la protectrice. Chemin qui
se poursuit vers Conques, Cahors et Moissac.
- la voie Lemovicensis au départ de Vézelay. Basilique dédiée à Ste-Marie-Madeleine, la
pècheresse pardonnée. Le chemin passe ensuite par Limoges et le tombeau
de St-Martial.
- la voie Turonensis,avec le tombeau de St-Martin, principal lieu de pèlerinage chrétien dès le Ve siècle, comme point de départ.
Les pèlerins partant de toute l'Europe de l'ouest, la cartographie des chemins était bien plus complexe. Picaud le poitevin a peut-être rallié le chemin de Tours, plus proche géographiquement de sa région d'origine. Mais pour les pèlerins partant de Canterbury, Vienne, Utrecht ou Rome, avant même d'atteindre l'un des points de départ des chemins français, ils avaient dû déjà traverser bien des aventures.
** S'abreuver en route
La route de St-Jacques est périlleuse. Picaud apporte bien des anecdotes et informations sur les dangers encourus. Se nourrir et trouver de l'eau pour soi ou pour sa monture n'est pas chose aisée. Si la traversée de la France ne semble pas poser beaucoup de difficultés qui méritent d'être rapportées, il n'en est pas de même de celle de l'Espagne. Notre narrateur sorti de son monastère se complait à raconter ses déboires dans ces contrées si différentes de la sienne. Le chapitre VI, évoque la quête de l'eau journalière pour les marcheurs. En voici quelques extraits.
Aimery Picaud dit :
[chapitre 6] : " Voici les rivières que l'on rencontre à partir des cols de Cize et du Somport jusqu'à Saint-Jacques.
(...)
Au lieu dit Lorca, dans sa partie orientale, passe la rivière nommée Salado. Là, prends garde de ne pas boire, ni toi, ni ton cheval, car cette rivière donne la mort. Au cours de notre voyage à Saint-Jacques, nous avons trouvé là deux navarrais assis sur la rive qui aiguisaient leurs couteaux qui leur servaient à écorcher les montures des pèlerins qui, ayant bu de cette eau, mouraient. À nos questions, ils répondirent, en mentant, que cette eau était bonne à boire. Nous en donnâmes donc à boire à nos chevaux et deux d'entre eux immédiatement moururent et furent sur-le-champ dépiautés.
(...).
Toutes les rivières qu'on rencontre d'Estella à Logroño sont impropres à la boisson humaine et animale et il ne faut pas manger de leurs poissons. Si tu manges en Espagne ou en Galice du poisson appelé vulgairement barbeau, ou que les poitevins appellent alose et les italiens clipia ou l'anguille ou la tanche, à coup sûr tu tombes immédiatement malade ou mort. Et si par hasard, quelqu'un en a mangé et n'a pas été malade, c'est soit qu'il était en meilleure santé que les autres soit qu'il vivait depuis longtemps par ici.
Tous les poissons et viandes de bœuf et porc en Espagne et Galice rendent malades les étrangers.
(...)
une rivière qui est à deux milles de Saint-Jacques, dans un endroit ombragé qui s'appelle Lavacolla parce que les pèlerins de France allant à Saint-Jacques ont l'habitude, par amour de l'apôtre, de s'y laver non seulement les parties mais de purifier le corps tout entier de ses souillures après avoir ôté leurs vêtements. La rivière Sar qui coule entre le Monte del Gozo et la ville de Saint-Jacques a la réputation d'être saine ; de même le Sarela qui passe de l'autre côté de la ville, vers l'ouest est considéré comme sain.
Si j'ai décrit ces rivières, c'est pour que les pèlerins qui vont à Saint-Jacques s'efforcent d'éviter de boire les eaux malsaines et puissent choisir les bonnes pour eux et leurs montures."
** Des pays, des gens et des dangers
En voyageant, Aimery Picaud, découvre un monde nouveau, bien différent de son Poitou qu'il pare de mille vertus.
[chapitre 7] " (...) Par la route des ports de Cize après la Touraine on traverse le Poitou, fertile, superbe et plein de toutes félicités. Les Poitevins sont des athlètes, bons combattants, habiles à la guerre, au maniement de l'arc, des flèches et des lances, courageux sur le front de bataille, très rapides à la course, soigneux dans leur façon de se vêtir, élégants, spirituels, très libéraux et larges dans l'hospitalité."
Plus au sud, les choses se compliquent. Pas encore vraiment dangereuses, mais de multiples inconvénients dont il convient de se méfier :
[chapitre 7] " (...) Si par hasard, tu traverses les Landes en été, protège toi soigneusement le visage des mouches énormes qui foisonnent et qu'on appelle guêpes ou taons et, si tu ne regardes pas attentivement oú tu poses les pieds, tu t'enfonceras rapidement jusqu'au genou dans le sable marin qui là-bas est envahissant."
Les premières populations rencontrées s'avèrent bien différentes des aimables poitevins. Elles méritent un intérêt curieux car malgré la description peu flatteuse qu'en fait Picaud, on peut encore relever quelques qualités.
[chapitre 7] " (...) Après avoir traversé ce pays, on trouve la Gascogne, riche en pain blanc et en excellent vin rouge, elle est couverte de bois et de prés, de rivières et de sources pures.
Les Gascons sont légers en paroles, bavards, moqueurs, libidineux, ivrognes, gourmands, mal vêtus, négligés, pourtant ils sont aguerris au combat et remarquables par leur hospitalité envers les pauvres. Assis autour du feu, ils ont l'habitude de manger sans table et de boire tous au même gobelet. Ils mangent beaucoup, boivent sec et sont mal vêtus ; ils n'ont pas honte de coucher tous ensemble sur une mince litière de paille pourrie, les serviteurs avec le maître et la maîtresse."
Plus le chemin se déroule sous les pas du pèlerin, plus les dangers se multiplient. Le passage des rivières et fleuves est toujours une source de dépenses pour avoir recours à un passeur, mais aussi de dangers. Les malandrins sont nombreux et se montrent prêts à tout pour détrousser les pèlerins isolés
[chapitre 7] " (...) En sortant de ce pays, le chemin de Saint-Jacques croise deux fleuves qui coulent près du village de Saint-Jean de Sorde, l'un à droite, l'autre à gauche : l'un s'appelle gave, l'autre, fleuve ; il est impossible de les traverser autrement qu'en barque. Leurs bateliers seront sûrement maudits. En effet, quoique ces fleuves soient tout à fait étroits, ces gens ont cependant coutume d'exiger de chaque homme qu'ils font passer de l'autre côté, aussi bien du pauvre que du riche, une pièce de monnaie et pour un cheval, ils en extorquent quatre, abusivement et par la force. Or leur bateau est petit, fait d'un seul tronc d'arbre, pouvant à peine porter les chevaux ; aussi, quand on y monte, faut-il prendre bien garde de ne pas tomber à l'eau. Tu feras bien de tenir ton cheval par la bride, derrière toi, dans l'eau, hors du bateau, et de ne t'embarquer qu'avec peu de passagers, car si le bateau est trop chargé, il chavire aussitôt. Bien des fois aussi, après avoir reçu l'argent, les passeurs font monter une si grande troupe de pèlerins, que le bateau se retourne et que les pèlerins sont noyés ; et alors les bateliers se réjouissent méchamment en s'emparant des dépouilles des morts."
Le Pays Basque et au-delà la Navarre, sont l'occasion de véritables chocs culturels pour notre moine qui semble ne s'être jamais aventuré très au-delà de sa région. Les paysages sont à présent très différents, mais c'est surtout les populations et les modes de vies qui vont fortement le marquer. Les traces dans son guide sont sans pitié sur ses appréciations des mœurs locales.
[chapitre 7] "(...) Ils sont grossièrement vêtus et mangent et boivent salement. Toute une maisonnée navarraise, le serviteur comme son maître, la servante comme sa maîtresse, mange dans la même marmite et en même temps les aliments tous mélangés. Ils n'utilisent pas de cuiller mais les mains et boivent au même gobelet. Si tu les voyais manger, tu les prendrais pour des chiens ou des cochons et si tu les entendais parler tu aurais l'impression d'aboiements de chiens car leur langue est des plus barbares. (...)
C'est un peuple barbare, différent de tous les autres par ses coutumes et sa façon d'être, plein de méchanceté, sombre de couleur, d'aspect mauvais, dépravé, pervers, perfide, déloyal et corrompu, libidineux, ivrogne, porté à la violence, féroce, sauvage, malhonnête, impie, à expédier en enfer et rude, cruel et querelleur, manquant de toutes les vertus, et habile dans tous les vices et toutes iniquités.
(...) Pour quatre sous, un Navarrais ou un Basque tue, s'il le peut, un Français. Dans certaines de ses régions, surtout en Biscaye et Alava, quand les Navarrais se chauffent, l'homme montre à la femme et la femme montre à l'homme leurs parties honteuses. Les Navarrais également forniquent avec les bestiaux et on dit que le Navarrais met un cadenas à sa mule et à sa jument pour que nul autre que lui n'en jouisse. Il baise libidineusement le sexe de la femme et de la mule. Voilà pourquoi les sages réprouvent les Navarrais. Pourtant, ils sont bons sur le champ de bataille, mauvais dans l'assaut des forteresses, assidus dans le paiement de la dîme et les offrandes pour l'autel. Chaque jour en effet quand les Navarrais vont à l'église, ils font une offrande à Dieu de pain, de vin, de blé ou d'une autre chose."
Aimery Picaud est, à présent, tout proche du but de son voyage et Compostelle est en vue. Est-ce cela qui le rend plus optimiste et plus tolérant dans ses jugements sur ce qui l'entoure ?
[chapitre 7] "(...) Puis on trouve la terre des Galiciens, une fois passé le pays de Léon et les cols du mont Irago et du mont Cebrero. La campagne ici est boisée avec d'agréables rivières, de belles prairies et de beaux vergers. Les fruits sont bons et les sources sont claires. Il y a peu de villes, de villages et de champs cultivés. Elle manque de pain de froment et de vin mais on trouve en abondance pain de seigle, cidre, bétail, chevaux, lait, miel et très gros ou petits poissons de mer. Elle est riche en or, argent, draps, fourrures d'animaux des forêts et autres biens en particulier les trésors sarrasins.
Les galiciens sont, comparés aux autres peuples incultes d'Espagne, ceux qui se rapprochent le plus de nos gens de France, mais ils sont irascibles et chicaniers."
** "Priez pour nous à Compostelle"
[chapitre 11] "Les pèlerins, pauvres ou riches qui reviennent de Saint-Jacques ou qui y vont, doivent être reçus avec charité et égards par tous ; car quiconque les aura reçus et hébergés avec empressement, aura pour hôte non seulement saint Jacques, mais Notre-Seigneur lui-même (..)
A Nantua, qui est une ville située entre Genève et Lyon, un tisserand avait refusé du pain à un pèlerin de Saint-Jacques qui lui en demandait ; il vit tout à coup sa toile tomber par terre, déchirée par le milieu. A Villeneuve, un pauvre pèlerin de Saint-Jacques s'adresse à une femme qui gardait du pain sous des cendres chaudes, lui demandant l'aumône pour l'amour de Dieu et du bienheureux Jacques ; elle lui répond qu'elle n'a pas de pain, à quoi le pèlerin répartit : « Plût au ciel que ton pain se change en pierre !» Et le pèlerin s'étant éloigné de cette maison se trouvait déjà à une grande distance, quand cette méchante femme s'approchant des cendres pour y prendre son pain, ne trouve à la place qu'une pierre ronde. Le cœur contrit, elle se met aussitôt à la recherche du pèlerin, mais ne put le trouver."
** Les étapes et lieux de dévotion
Voici quelques extraits pour le chemin de Vézelay.
[chapitre 8] "(...) Sur l'itinéraire qui va à Saint-Jacques en passant par Saint-Léonard, le très saint corps de la bienheureuse Marie-Madeleine doit, à juste titre, être vénéré par les pèlerins. Il s'agit de la glorieuse Marie qui, dans la maison de Simon le Lépreux, arrosa de ses larmes les pieds du Sauveur, les essuya avec ses cheveux et les oignit d'un parfum précieux en les embrassant.
(...)
Il faut aussi rendre visite au saint corps du bienheureux Léonard confesseur qui, issu d'une très noble famille franque et élevé à la cour royale, renonça par amour du Dieu suprême au monde pervers et mena longtemps, à Noblat en Limousin, une vie de célibat, jeûnant fréquemment, veillant souvent dans le froid, la nudité et des souffrances inouïes. Enfin sur la terre qui lui appartenait, il reposa après une sainte mort . On dit que ses restes sacrés sont inamovibles.
Qu'ils rougissent donc de honte les moines de Corbigny qui prétendent posséder le corps de saint Léonard puisque, comme l'avons dit plus haut, ni le plus petit de ses os, ni ses cendres ne peuvent en aucune façon, être déplacés. Les gens de Corbigny comme bien d'autres sont gratifiés de ses bienfaits et de ses miracles, mais ils sont privés de la présence de son corps. N'ayant pu l'avoir, ils vénèrent comme étant celui de saint Léonard le corps d'un certain Léotard qui, disent-ils, leur fut apporté d'Anjou dans une châsse d'argent
(...) C'est pourquoi les gens de Corbigny sont coupables d'une double faute car ils ne reconnaissent pas celui qui, libéralement, les enrichit par ses miracles et ils ne célèbrent même pas sa fête, mais rendent hommage indûment à un autre à sa place.
(...)
Après saint Léonard, il faut rendre visite dans la ville de Périgueux au corps du bienheureux Front évêque et confesseur qui, sacré évêque à Rome par l'apôtre saint Pierre, fut envoyé avec un prêtre du nom de Georges pour prêcher dans cette ville. (...) Il s'illustra par de nombreux miracles et par une mort digne. Il reçut sépulture dans la basilique qui porte son nom (...). Certains disent qu'il fut un des disciples du Christ. Son tombeau ne ressemble à la sépulture d'aucun autre saint ; en effet il est parfaitement rond comme le Saint Sépulcre et il surpasse ceux de tous les autres saints par sa beauté et sa facture. Sa fête solennelle se célèbre le 25 octobre."
** Un guide très utilisé ?
L'intérêt pour l'ouvrage ne réapparaît qu'au 19ème siècle. En 1882, le padre Fidel Fita consulte celui-ci et entreprend d'en faire une première publication moderne, encore en latin. En France, la première traduction en est faite et publiée en 1938 par une universitaire, Jeanne Vielliard. Le livre ne connut toutefois un succès de librairie que dans les années 1970, lorsqu'une édition en fut faite à l’usage du randonneur.
Pour en savoir plus :
- à lire : Le guide du pèlerin de St-Jacques-de-Compostelle - traduction française partielle de l'ouvrage disponible en ligne
- à lire : Aimeri Picaud de Parthenay et le "Liber sancti Jacobi" - Persée - André Moisan 1985